Karl Lagerfeld était connu pour son irrévérence. Volontiers critique, il maniait l’humour noir avec délice. On découvre aujourd’hui dans Vanity Fair que le couturier star se permettait parfois des plaisanteries…plus graveleuses.
Karl Lagerfel est mort le 19 février dernier à l’âge de 85 ans. De Baptiste Giabiconi, à qui le grand prêtre de la mode avait un jour tendu la main, à Inès de la Fressange, l’amie de toujours qui s’est confiée sur le dernier réveillon du couturier, depuis plus d’un mois, les hommages affluent. Dernières confidences en date, celle de la rédactrice en chef mode du Vanity Fair français Virginie Mouzat. Dans un long papier intitulé “Mon Karl à moi“, elle raconte son amitié avec le couturier née au milieu des années 80, alors qu’elle était mannequin cabine chez Chloé. Virginie Mouzat devient par la suite journaliste au Figaro, sans jamais perdre le contact avec Karl Lagerfeld.
Quelques années plus tard, la jeune femme déjeune avec le tout puissant directeur de Chanel. L’entrevue a lieu dans son hôtel particulier de la rue de l’Université, non sans une certaine appréhension de la part de Virginie Mouzat : “Je m’étais préparée à ce rendez-vous dans l’angoisse, comme à une joute de prétoire”. Karl Lageferld lui fait visiter sa maison, sublime, et la journaliste tombe en arrêt devant une pièce pour le moins insolite : “ (…) Une petite chambre pomponnée qui jure avec la froideur ambiante. Un lit à la polonaise tendue de taffetas céladon assorti aux rideaux...”. Elle ajoute : ” Bref, une bonbonnière que n’aurait pas reniée Marie-Antoinette, dont il me jure que c’est la réplique de sa chambre d’enfant. Vrai ou faux, peu importe. Il rajoute : « C’est pratique pour péter tranquille !'”.
Virginie Mouzat raconte le fou rire qui les emporte et rend hommage à l’humour de son ami, volontiers plus grivois qu’on ne l’imagine: ” Il cachait sous des mitaines ses mains que sa mère trouvait vilaines – prétendait-il – mais adorait lâcher quelques bonnes gauloiseries bien senties. En se tapant les cuisses de préférence“. La journaliste fait le portrait d’une homme brillant et attachant qui, s’il savait aussi se montrer cruel et acerbe, cachait en réalité des trésors d’humour et de sensibilité.
Crédits photos : Denis Guignebourg / Bestimage