Son génie musical, ses looks excentriques, ses amours sulfureuses… C’est en les exposant que David Bowie, éternel « Rebel Rebel », se sera peut-être le mieux cacher. (Re-)découvrez quelques faits parmi les mythes le concernant.
Les yeux vairons. Un œil bleu, l’autre marron ? Non, bien que maître de l’ambiguïté, de la confusion des genres, des styles, des sons et des couleurs, David Bowie n’aura pas bénéficié d’une indécision de la génétique. Son regard, double, si étrange et terriblement séducteur, est l’heureux résultat d’une bagarre, à l’adolescence. Frappé à l’œil par un certain George Underwood, camarade de classe, à l’âge de quinze ans, David Robert Jones, de son vrai nom, s’en relève avec la pupille de son œil gauche écrasée et dilatée à jamais. Sans rancune, pressentant au contraire que le monstrueux peut devenir sublime, Bowie plongera son regard dans l’objectif de la petite brute qui l’a abîmé pour ses premières pochettes de disques.
Mon frère, ce fantôme. Si l’aliénation physique et mentale est une récurrence dans l’œuvre de Bowie, c’est parce que le petit David a grandi à l’ombre d’un demi-frère aîné schizophrène, Terry. La musique, le jazz notamment, les rapproche. Les murs des institutions spécialisées derrière lesquels on enferme Terry et la folie dans laquelle ce dernier sombre deviendront des barrières infranchissables. Ce qui n’empêche pas David d’invoquer son frère sur les albums Hunky Dory, The man who sold the world ou encore Scary Monsters. Terry n’est pas encore tout à fait mort. Malgré son suicide en 1985, il ne le sera d’ailleurs jamais vraiment pour son cadet. En 1993, Bowie sortira le single Jump they say, ode jazzy à ce frère qui le hante.
Dans la peau de Cloclo. Précédant Paul Anka, qui en fera un standard planétaire sous le titre My Way, David Bowie fut le premier à qui l’on proposa de traduire en anglais le tube Comme d’habitude de Claude François. Nous sommes en 1968, quelques mois après la déferlante du titre sur les ondes françaises. Il faut faire vite. Bowie ne dispose que de dix jours pour rendre sa copie. Comme d’habitude devient Even fools learn to love ( traduire : « mêmes les imbéciles tombent amoureux »). La tentative restera inachevée. L’Anglais préfère passer à autre chose. Même si, pour certains, son cultissime Life on Mars déroule une progression d’accords similaire à celle du standard de Cloclo.
Parties de cache-cache avec Marlene Dietrich. En 1978, alors qu’il vient d’entrer dans sa « période berlinoise », l’autoproclamé Thin White Duke reçoit le scénario de Just a gigolo. Trois ans plus tôt, il a incarné un extra-terrestre dans L’homme qui venait d’ailleurs. Cette fois, le réalisateur David Hemmings lui propose d’incarner un officier prussien contraint de vendre ses charmes, dans une Allemagne humiliée et disloquée par le traité de Versailles en 1919. L’attribution du premier rôle l’excite bien moins que la perspective de rencontrer Marlene Dietrich, à Berlin. Hélas pour lui, la star, recluse avenue Montaigne, à Paris, n’a accepté de sortir de sa retraite qu’à condition de réciter ses dialogues dans la Ville Lumière. Magie du cinéma qui laisse supposer que l’Ange Bleu et Bowie se sont donnés la réplique sur un même plateau, alors qu’il n’en est rien. Il n’empêche. La vamp, au crépuscule de sa vie, et le caméléon, au pinacle de sa créativité, ont engagé une tendre correspondance. Alors qu’elle ne voyage plus, Marlene fait espérer à son admirateur une rencontre aux Etats-Unis. En vain. De passage à Paris, alors qu’il séjourne au Plaza Athénée, quasiment en face de l’appartement de son idole, David lui fait parvenir une lettre énamourée. Sans retour. A la mort de Dietrich, on découvrira des coupures d’articles consacrés à Bowie soigneusement consignés…
Coup d’éponge. On ne connaît pas encore la date du lever de rideau à Brodway, ni les titres des chansons, mais David Bowie aurait participé, avec Cindy Lauper, John Legend ou encore The Flaming Lips, à l’adaptation du dessin animé Bob l’éponge en comédie musicale. Effet d’annonce ou info ? L’artiste se serait pris de passion pour la drôle de créature, alors qu’il suivait, avec sa fille Alexandria, née de son mariage avec le top Iman, ses aventures subaquatiques à la télévision. En 2007, Bowie déroutait déjà les critiques rock, en doublant l’un des personnages du cartoon le temps d’un épisode… Plus courue par ses fans new-yorkais : sa comédie musicale Lazarus, inspirée du film L’homme qui venait d’ailleurs, avec le comédien Michael C. Hall (Dexter) dans le premier rôle. Une histoire, entre science-fiction et mythe évangélique, de « résurrections ». L’histoire de la vie de David Bowie ? Un précieux testament, en tous cas.