Lutte contre les drogues : rien de stupéfiant !

Après avoir longuement critiqué la loi de 1970 sur les stupéfiants, le gouvernement décide de ne pas la modifier. Outre cette étonnante volte-face, les autorités présentent leur plan de lutte contre les drogues. Au programme : un cocktail associant prévention des jeunes, amélioration des soins et renforcement de la répression.

Présenté le 29 juillet par Didier Jayle,président de la Mission Interministérielle de Luttecontre la Drogue et la Toxicomanie (Mildt), le plan de luttequinquennal du gouvernement réserve quelquessurprises…Cannabis : back to the seventies !CannabisAprès la confiscation du scooterévoquée par Nicolas Sarkozy devant le Sénat enavril 2003 et l’engagement télévisuel du PremierMinistre à modifier les peines pour que la loi soitappliquée, le gouvernement abandonne son projet derévision de la loi de 1970 sur les stupéfiants.Initialement rédigé pour réprimer laconsommation d’héroïne, ce texte prévoitpourtant des peines de prison fermes inadaptées auxconsommateurs de cannabis. Pourquoi un tel renoncement ? “Une telleévolution législative ne semble pas opportune“ auxyeux du Gouvernement qui se borne désormais àpromettre la publication de circulaires de politiquesgénérales visant à muscler, graduer etsystématiser les sanctions envers les usagers de droguesdouces via des amendes, suspension de permis de conduire, etc. Cerevirement est considéré comme un renoncement par lestenants d’une ligne dure.Face à l’expansion continue depuis 10 ans de la consommationde cannabis, le gouvernement entend cependant faire de ce dossierun axe prioritaire. Les moyens annoncés insistent ainsi surune éducation systématique en milieu scolaire, unecampagne grand public mettant en évidence les effetsnégatifs principalement pour les ados(désinvestissement scolaire, troubles de la mémoire,accident de la route…), une ligne téléphoniqueintégrée à “Drogues Info service“ et desconsultations départementales anonymes et gratuitesspécifiquement dédiées au cannabis. Sur leplan répressif, des tests salivaires de détection(pour le cannabis mais également d’autres substancesillicites) seront développés etexpérimentés lors de contrôles routiers. Lesobjectifs sont de réduire d’au moins un quart la proportionde jeunes expérimentant le cannabis avant 15 ans et sonusage régulier chez les adolescents.Pour l’étiquetage des bouteilles d’alcool, mais contre letestingSuite à la publication du très controversélivre blanc “Vin et santé“ et l’adoption par le Sénaten mai dernier d’un amendement ouvrant la voie auxpublicités pour le vin, certains craignaient que la luttecontre l’alcoolisme ne disparaisse des missions de la MILDT. Pasd’inquiétude sur ce point, Didier Jayle se veut rassurant“On ne sortira pas les viticulteurs de leurs difficultéséconomiques en relançant la consommation de vin“avant de rappeler que conformément à la loi desanté publique, l’objectif est de réduire de 20 % laconsommation moyenne d’alcool par habitant.Même si certaines mesures ont étéabandonnées en route (comme l’interdiction de la vented’alcool dans les stations services), le plan prévoit derappeler les seuils de consommation ( trois verres par jour pourles hommes et deux verres pour les femmes) et mieux repéreren médecine générale l’usage à risque,aider les buveurs à réduire leur consommationmême si le problème reste difficile. Une attentionparticulière est portée aux accidents de la route dusà l’alcool et à la nécessité d’uneabstention totale pendant la grossesse. Un point au coeur del’actualité depuis l’ouverture d’une enquêtepréliminaire relative à un défautd’information sur les dangers de l’alcool pour les foetus par leprocureur de Lille. Jeudi 5 août 2004, le ministre de laSanté Philippe Douste-Blazy se prononçait en faveurde l’étiquetage des bouteilles d’alcool. Rappelant quel’alcool était la première cause de retard mental nongénétique de l’enfant, le ministre a annoncéle lancement d’une vaste étude épidémiologiqueconfiée à l’Inserm et d’une campagne deprévention lancée dès cet automne.Côté tabac, la baisse des ventes de cigarettes de 20 %depuis le début de l’année conforte le gouvernementdans sa lutte contre ce fléau. Le plan prévoitnotamment de renforcer les consultations de sevrage ainsi quel’application de la loi Evin dans les établissementsscolaires, mais aussi les restaurants et autres lieux publics.Concernant les drogues de synthèse, Didier Jaylereconnaît d’une part que “la présence d’acteurs deprévention lors des événements festifs permetle contact avec ce public qui ne se perçoit pas en danger“,mais prône d’autre part l’abandon du testing rapide desdrogues de synthèse au profit d’actions de prévention“qui devront respecter les règles d’unréférentiel d’intervention en réduction desrisques“.Diversifier et améliorer l’offre de soinsPar ailleurs, le plan quinquennal propose différentesmesures. Au registre de la prévention, deux principalesnouveautés sont à noter : l’obligation d’uneéducation à la prévention des pratiquesaddictives tout au long de la scolarité grâce aurenforcement des Comités d’éducation à lasanté et à la citoyenneté (CESC) et ladiffusion auprès des parents via les associations deparents, les CAF et des lieux d’accueil àdévelopper.Mais c’est en matière de soins que le plan semble le plusambitieux. Il prévoit de :
-Repérer l’abus ou la dépendance le plus tôtpossible pour proposer une prise en charge adaptée enmédecine de ville ou en secteur spécialisé;
-Améliorer l’accessibilité et la qualité del’offre de soins, en relançant les CSAPA (Centres de soins,d’accompagnement et de prévention en addictologie).Initialement prévues par un décret de BernardKouchner, ces établissements devraient rapprocher lesstructures de prise en charge de l’alcool, du tabac et des droguesillicites ;
-Améliorer la qualité et la diversité desréponses thérapeutiques pour les toxicomanesdépendants de l’héroïne, du crack, lespolytoxicomanes, les personnes incarcérées ;
-Promouvoir l’addictologie à tous les niveaux (de laformation à la recherche) ;
-Sécuriser la délivrance des médicaments desubstitution afin d’éviter les détournements ;
-Développer des communautés thérapeutiques encréant rapidement 600 places.Pour lutter contre le trafic local, le recours àl’enquête de patrimoine sera renforcé. Cesdémarches visent à vérifier si les ressourcesdes suspects sont conformes à leur train de vie. Enfin, lesopérateurs français d’Internet seront appelésà plus de vigilance vis-à-vis desdétournements de ce média par les trafiquants decannabis.Pour tous ces projets, la Mildt devrait disposer de 500 millionsd’euros pour les cinq prochaines années.David BêmeClick Here: COLLINGWOOD MAGPIES 2019