La Chine et le monde de la finance retiennent leur souffle. Alors que menace le défaut de paiement, le promoteur immobilier géant a annoncé ce mercredi matin être parvenu à un accord avec des porteurs d’obligations sur une petite partie de sa dette.
Dans un communiqué adressé à la Bourse de Shenzhen (sud de la Chine), le groupe a précisé qu’une de ses filiales, Hengda Real Estate, avait négocié un plan de remboursement d’intérêts sur une obligation à échéance 2025.
Selon l’agence financière Bloomberg, Evergrande devait honorer une échéance de 232 millions de yuans (30,5 millions d’euros) de dette jeudi sur cette obligation à 5,8 % limitée au marché obligataire intérieur.
Click Here: nrl all stars jerseyLe géant de l’immobilier loin d’être tiré d’affaires
Les porteurs « qui ont acheté et détiennent ces obligations » avant la date de mercredi « ont droit au paiement d’intérêts », a indiqué Evergrande, sans préciser combien exactement il allait verser à ses créanciers.
Mais le géant immobilier est loin d’être tiré d’affaire compte tenu du montant total de sa dette. Le mastodonte de Shenzhen a reconnu la semaine dernière faire face à « une pression énorme », et averti qu’il ne pourrait peut-être pas honorer tous ses engagements.
D’autres échéances sont attendues ce jeudi sur le marché obligataire international et le groupe n’a pas précisé comment il comptait régler les intérêts sur ces obligations-là.
Vers une accalmie sur les marchés ?
L’annonce du remboursement partiel « va aider et on peut espérer qu’elle va réduire un peu la volatilité et la baisse des marchés », a estimé Gary Dugan, du cabinet de conseil en investissement Global CIO Office à Singapour.
« Mais pour que la confiance revienne pour de bon, il faudrait que le marché puisse entrevoir des perspectives de restructuration chez Evergrande », a-t-il déclaré à Bloomberg.
Or, le régime communiste n’a pas précisé s’il comptait aider à renflouer le groupe privé, dont 1,4 million de logements resteraient inachevés, au grand dam d’autant de propriétaires floués.
La semaine dernière, des dizaines d’entre eux ont protesté devant le siège du groupe ainsi qu’ailleurs dans le pays. Créanciers, salariés et fournisseurs exigent aussi d’être payés par Evergrande, qui a multiplié les investissements jusqu’à ce que Pékin resserre l’an dernier les règles en matière d’emprunt.
Le président du groupe, le milliardaire Xu Jiayin, a affirmé à son personnel qu’Evergrande « sortirait bientôt de sa période la plus sombre », a rapporté mardi un média d’État.
Jadis homme le plus riche de Chine, Xu Jiayin a assuré que les chantiers reprendraient complètement et que le groupe apporterait « une réponse aux acheteurs, aux investisseurs, aux partenaires et institutions financières ». Il n’a pas fourni plus de précisions.
Un scénario à la Lehman Brothers écarté par l’OCDE
L’annonce du paiement des intérêts n’a pas vraiment rassuré les marchés. Si la Bourse de Shanghai a clôturé en hausse de 0,4 %, celle de Shenzhen a fini en baisse de 0,57 % mercredi, après quatre jours de pause pour cause de jours fériés. La Bourse de Hong Kong était à son tour fermée mercredi.
L’OCDE a de son côté écarté ce mardi le risque d’un scénario à la Lehman Brothers. « La connexion entre les marchés financiers chinois et les autres est moins grande que ce que nous voyons dans le monde occidental », a déclaré la cheffe économiste de l’organisation internationale, Laurence Boone.
« L’impact serait relativement limité, mis à part pour certaines entreprises », a-t-elle ajouté, estimant que « les autorités chinoises ont la capacité budgétaire et monétaire pour amortir le choc ».
Laurence Boone a cependant reconnu qu’une baisse éventuelle de la croissance chinoise aurait un impact sur le plan mondial.