Patrick Rambaud: « Le goût du pouvoir de François Hollande le rend romanesque »

Patrick Rambaud croque avec humour une classe politique qui le désole. Interview.

Après avoir moqué le règne de Nicolas 1er, l’écrivain Patrick Rambaud fait les délices des lecteurs en croquant la cour qui gravite autour de François le petit. Ces nouvelles chroniques, parues chez Grasset, figurent dans le peloton de tête des ventes de livres. Leur auteur nous explique en quoi l’actuel président de la République est un personnage romanesque.

Gala : Il y a quelques années, vous disiez François Hollande moins inspirant que Nicolas Sarkozy. Vous semblez avoir changé d’avis.

Patrick Rambaud : Il fallait voir Hollande à l’œuvre. Je l’ai donc laissé tranquille au début. Mais il n’a ni souffle, ni élan. Il ne sait pas parler aux gens, il ne parle que de chiffres et de courbes. Il vit en parallèle dans un monde imaginaire qui n’est pas le nôtre.

Gala : En quoi François Hollande est-il un personnage romanesque ?

P.R. : Son goût du pouvoir, qu’il tente de cacher, le rend romanesque. Il est persuadé qu’une étoile le protège. Tout cela cache une fêlure. Un type qui va bien ne cherche pas le pouvoir à tout prix. Il faut supporter trop d’épreuves et être un peu fou. Mais c’est une maladie contagieuse !

Gala : Beaucoup de ses amis le disent insaisissable. Pour vous, qui êtes habitué à croquer les politiques, quel est son vrai visage ?

P.R. : Il est assez dur en dépit de son côté rond et de sa bonhommie apparente. C’était aussi le cas de Raymond Barre ou de Charles Pasqua. Mais les petits nerveux ne sont pas mauvais non plus ! Nicolas Sarkozy est animé d’un esprit de revanche effrayant. On a l’impression que ces hommes politiques jouent aux échecs et se fichent du reste.

Gala : Votre envie de pasticher les politiques est née après l’élection de Nicolas Sarkozy, sont-ce les images du Fouquet’s qui ont été le déclencheur ?

P.R. : Je ne vote pas. Mais le soir de son élection, lorsque son visage est apparu sur mon écran, je n’ai pas pu le supporter. Je suis sorti marcher deux heures, en me disant que ce n’était pas possible de passer 5 ans avec lui. J’ai eu envie de reprendre le principe de La Cour d’André Ribaud. Cela a donné mes premières chroniques du règne de Nicolas 1er. J’ai laissé sa chance à François Hollande mais l’énervement est vite monté et je me suis dis : « réintervenons » !

Gala : Vous citez François le Grand (Mitterrand) : « mes successeurs seront de petits comptables ». Partagez-vous son diagnostic ?

P.R. : Oui, d’ailleurs, il n’y a jamais eu autant d’énarques à l’Elysée que sous la présidence Hollande. Ces gens-là n’ont rien vécu. Ils passent directement de l’école aux cabinets ministériels.

Gala : Vous semblez plus indulgent avec Emmanuel Macron : « une étrange étoile dans la nuit d’un gouvernement inculte », écrivez-vous. Pourquoi trouve-t-il grâce à vos yeux ?

P.R. : Il est plus cultivé que les autres, lit des livres et est capable d’en parler. Manuel Valls aussi a une certaine culture. Il a grandit auprès d’un père peintre… Les ministres ne parlent aujourd’hui plus que de chiffres. Léon Blum, lui, travaillait le matin et lisait ou écrivait l’après-midi. Nous avons changé d’époque.

Gala : Les phénomènes de cour sont-ils aussi prégnants que sous la précédente présidence ?

P.R. : C’est la même chose sous tous les règnes, mais aujourd’hui, les personnages politiques ont un peu moins de volume. A moins qu’on ne magnifie ceux que l’on a oubliés !

Propos recueillis par Candice Nedelec