A Roland-Garros,
La Slovénie ne nous épargnera donc rien. Le ski et les sports d’hiver en général, ok, c’était normal. Le basket, passe encore, même si personne n’avait prévu l’émergence d’un monstre comme Luka Doncic. Mais se résoudre à voir l’épicier Primoz Roglic et la comète Tadej Pogacar dominer le cyclisme a été suffisamment douloureux pour qu’en plus, on ne soit même plus tranquille à Roland-Garros.
Notez qu’on n’a rien contre ce petit pays coincé entre l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Croatie. C’est simplement que jusqu’à présent, on ignorait même qu’il abritait des joueurs de tennis. Certains opposeront le nom de Katarina Srebotnik à ce constat, mais s’il faut commencer à écouter les passionnés de doubles dames et doubles mixtes – on les salue –, on n’est pas sortis. De toute façon, le débat est désormais vain avec la présence de Tamara Zidansek en demi-finales du Grand Chelem parisien, ce jeudi face à Anastasia Pavlyuchenkova.
La révélation au premier tour
Dans le dernier carré totalement improbable du tableau féminin, la 85e joueuse mondiale est tout de même celle qui constitue la plus grosse surprise. Jusqu’ici, Zidansek n’avait gagné que trois matchs dans les tournois majeurs dans toute sa carrière (un à Wimbledon, deux en Australie). Mais sa victoire au premier tour face à la numéro 7 mondiale Bianca Andreescu, 9-7 au troisième set, l’a propulsée vers des sommets inconnus.
« J’ai gagné beaucoup de confiance grâce à cette victoire. Je me sentais bien avant le début du tournoi, je jouais bien, surtout sur terre battue, j’avais engrangé de bons matchs aussi. Il y a un déclic qui s’est produit lors de ce premier tour, analysait-elle après sa victoire en quarts. Chaque jour, c’est un nouveau chapitre de ma vie quelque part. Et je pense que je vais continuer à prendre les choses au jour le jour, en espérant le meilleur. »
L’approche a l’air de ne pas trop mal fonctionner. La voilà en tout cas étiquetée première joueuse slovène de l’histoire à atteindre ce niveau en Grand Chelem, même s’il convient ici de citer le nom de Mima Jausovec. Lauréate de Roland-Garros en 1977 avec la nationalité yougoslave, la native de Maribor est bien LA référence du tennis slovène. On lui aurait bien demandé son avis sur Zidansek, d’ailleurs, mais le mail envoyé à une adresse trouvée dans les tréfonds des Internets n’est probablement jamais arrivé jusqu’à sa destinataire.
Quoi qu’il en soit, le parcours de la jeune femme de 23 ans constitue un vrai événement au pays. « Je reçois beaucoup de messages de félicitations. Cela signifie beaucoup pour moi d’être en mesure de véhiculer un message aux Slovènes en disant : “On peut y arriver !”, apprécie-t-elle. Même si nous sommes un petit pays, nous n’avons pas tant de joueurs, mais ils sont de qualité. Je suis ravie de pouvoir véhiculer ce message, cela a beaucoup de sens pour nous tous. »
Moins de densité… donc plus de travail
La Slovénie est un pays surprenant. Pas beaucoup plus grand que les Fidji ou le Swaziland, peuplé par à peine deux millions d’habitants (la métropole d’Aix-Marseille-Provence, en gros), il est en train de sortir des champions à tour de bras. Matej Tusak, un psychologue du sport local qui a notamment travaillé avec Primoz Roglic, l’avait expliqué ainsi à l’AFP en septembre dernier : « Si vous êtes entraîneur de basket aux Etats-Unis, même si vous ne faites rien, il y a tellement de joueurs, que de temps en temps, vous en aurez certains avec du talent et des capacités athlétiques qui feront une carrière grâce à votre petite contribution. Les Slovènes ont l’ambition d’être grands… Cela nous oblige à prendre un chemin différent si nous voulons réussir. »
Sous-entendu, ça bosse dur sans se regarder dans le miroir. Marjan Cuk, le coach de Zidansek, a lui aussi sa petite idée sur la question. Selon lui, les Slovènes ont su tirer partie du meilleur de leurs racines.
« Nous avons fait partie de l’empire austro-germanique et de la Yougoslavie. D’un côté, nous avons l’habitude de la rigueur, de la discipline. Les Yougoslaves, eux, sont plus relaxes, tranquilles. C’est un mélange un peu des deux, on est sérieux et en même temps on peut danser », explique-t-il depuis la salle de presse de Roland.
D’accord, mais quand même. Comment Zidansek a-t-elle fait pour se construire dans un pays qui n’a pas, ou si peu, de culture tennis ? La native de Postojna (sud-ouest du pays), fille d’un juge et d’une institutrice, n’a pas eu de modèle sur lequel se baser pour imaginer sa carrière. Ça ne l’a pas empêché de mettre en place « dès le départ une stratégie à long terme », comme elle l’a raconté cette semaine. A 15 ans, elle a constitué une vraie équipe professionnelle autour d’elle, avec Cuk et Zoran Krajnc, toujours là aujourd’hui. Tout n’a pas été simple, notamment quand il a fallu dégoter des invitations pour les tournois internationaux, une fois le pays (rapidement) écumé. Son coach développe :
« Il fallait vraiment sortir le grand jeu, faire partie des 100 meilleures joueuses à la WTA. On a commencé [sur le circuit secondaire ITF] par les 10.000, puis 15.000, 25.000 [dollars de dotation], et ainsi de suite. Elle est montée petit à petit et là nous sommes dans le Top 100. Au début, elle avait du mal à y croire, parce qu’on n’a pas l’habitude de monter si haut en Slovénie. Puis, de semaine en semaine, cela s’est amélioré et nous en sommes là aujourd’hui. »
Là, c’est donc en demi-finale Porte d’Auteuil, et bientôt parmi les 50 meilleures joueuses du monde. Pas mal pour quelqu’un qui était plutôt branchée snowboard dans sa jeunesse mais qui s’est mise au tennis parce qu’elle en avait « marre d’avoir froid ». Aujourd’hui, elle pourrait donner des idées à de jeunes compatriotes. On n’en est pas encore à la colonisation du top 20 mondial, mais avec ces Slovènes, il ne faut jurer de rien.
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