Saint-Tropez: la fin d’un mythe ?

Les stars internationales comme françaises se font rares dans la presqu’île, tandis que les habitués occupent les lieux. La disparition d’une époque, ou presque.

Quoi qu’il arrive, Saint-Tropez attire les foules. Il n’empêche, une certaine réalité affleure, tangible cet été au fil des pages des gazettes : seuls les historiques y demeurent, les gens connus s’y montrent moins, ou bien n’y passent que le temps d’une escale.

Saint-Tropez est-il toujours Saint-Tropez ? Plusieurs écoles s’affrontent. Accro à la péninsule varoise, l’homme d’affaires Jean-Roch, solidement implanté sur place avec son VIP Room, refuse d’entendre ce type de discours : « Pour moi, c’est une année de renouveau, assène-t-il. Grâce à la baisse de l’euro, une clientèle américaine et sud-américaine qui avait auparavant varié les plaisirs est de retour. » Il poursuit : « Les affaires marchent bien, nous sommes pleins tous les soirs, et il y en a pour tous les goûts, du plus luxueux au plus nature. »

Quid des fameux people, ces personnalités qui viennent faire briller par leur présence la région ? Pour le même Jean-Roch, ils sont bel et bien là. Enfin… Ils étaient surtout présents fin juillet, lorsque Leonardo DiCaprio a convoqué le gratin (Naomi Campbell, Sylvester Stallone, Adrien Brody…) au bénéfice de sa fondation écolo. Un parfum d’Hollywood qui, un court instant, aura baigné cet été la Côte d’Azur. D’autres ont assuré également l’animation comme le producteur Thomas Langmann, la chanteuse Amel Bent ou encore la Suédoise de « La roue de la fortune » Victoria Silvstedt, grande habituée du golfe. Sans oublier les historiques, réunis lors d’événements comme la soirée blanche organisée fin juillet en souvenir d’Eddie Barclay. Sophie Tapie, vingt-sept ans, y a chanté : « Je viens ici en vacances depuis toute petite avec mes parents et je n’imagine pas aller ailleurs, explique-t-elle. C’est mon village de cœur, il n’y a qu’ici que je sors le soir. Entre nous, on s’appelle les locaux, il y a un vrai côté familial. » Elle poursuit : « Tous les matins quand je fais mon jogging, je passe déposer une fleur sur la tombe d’Eddie. Je l’appelais Tonton Musique, c’est le premier à qui j’ai osé avoué que je voulais me lancer dans la chanson. » Jean-Roch assure : « Il y a un équilibre naturel entre les générations. On trouve ici des fidèles qui se côtoient depuis des années, mais aussi sans cesse de nouveaux venus. »

Tout le monde n’est pas du même avis. A l’image de ce photographe mondain grand habitué des lieux qui tempête, sans demi-mesure : « Mis à part l’événement organisé par Leonardo DiCaprio, il ne s’est rien passé cette année, il n’y a que des ringards. On est bien loin du temps béni où l’on pouvait croiser Jack Nicholson se baladant tranquillement sur le port… Cette époque là est complètement révolue. » Il constate également que les stars internationales ne demeurent pas à Saint-Tropez mais ne font que passer, ne daignant quitter leur yacht que pour une collation dans un restaurant de plage, comme de luxueux nomades. « Ils viennent, il déjeunent et ils se cassent !, résume-il. Et direction la Sardaigne, Ibiza ou encore Marbella… » Il en convient pourtant, Saint-Tropez reste un moyen infaillible de se montrer pour les vedettes bien de chez nous, à l’image de la famille Yvan Attal–Charlotte Gainsbourg qui s’est promenée au grand complet dans les rues du village, tout comme l’animateur télé Arthur et sa compagne l’ex-Miss France, Mareva Galanter. Sans oublier d’autres gens de télé comme Jean-Luc Reichmann, Lagaf’ ou encore Tex. « On ne parlera même pas des vedettes de la téléréalité… Ces photos-là n’intéressent pas grand monde et, pour l’instant, il ne s’est rien passé de très notable dans la région. Il y a une vraie défection, les boîtes de nuit ne sont pas si pleines alors que la saison est quasiment terminée », se lamente un autre photographe.

Quant aux très grandes fortunes capables d’arroser généreusement un club huppé entier en flambant des dizaines – voire des centaines – de milliers d’euros en bouteilles de champagne sur un coup de tête, elles ne sont plus légion. « Ils sont ailleurs, constate le même chasseur d’image. A Cannes, en Espagne… »

De là à enterrer définitivement la presqu’île, il n’y a qu’un pas. Un pas que refuse de franchir Jean-Roch : « En Europe, il y a quatre destinations courues, pas plus : Ibiza, Porto Cervo, Mykonos et Saint-Tropez. » Si certaines choses ne changent pas, il arrive en revanche, parfois, que la roue tourne…

Crédits photos : Splashnews