God Help the Girl : rencontre avec le réalisateur Stuart Murdoch

A l’occasion de la sortie du film musical “God Help the Girl”, rencontre avec son réalisateur Stuart Murdoch qui vient nous parler de ce projet très personnel.

AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a décidé à passer à la mise en scène ? Etait-ce un projet que vous murissiez depuis longtemps ?

Stuart Murdoch : Oui ça a pris beaucoup de temps. J’ai initialement eu l’idée du film en 2003. Cela a commencé avec la musique, en écrivant des chansons pour plusieurs chanteuses. J’ai pensé faire un album pour ces chanteuses et j’ai réalisé que la chanteuse principale était un véritable personnage. J’ai laissé murir le projet dans ma tête et très rapidement j’ai imaginé trois personnages et cela s’est transformé en film.

 L’histoire est construite à partir de plusieurs chansons de votre projet musical God Help the Girl. Etait-il difficile de construire un scénario à partir de quelques chansons ?

Stuart Murdoch : Après avoir écrit trois ou quatre chansons, j’ai tout de suite su que c’était un film. Je n’avais jamais dans ma vie écrit aucune ligne de dialogue, donc cela s’est révélé être une expérience intéressante pour moi. Pendant l’écriture, je n’essayais pas de penser à l’histoire ni même aux chansons mais davantage aux personnages. J’ai écrit par le biais du point de vue des personnages. J’ai laissé les personnages s’exprimer dans ma tête et j’ai peu à peu sculpté leur parole pour qu’elle s’accorde aux chansons.

L’esthétique du film est assez rétro, God Help the Girl baigne dans une atmosphère nostalgique des années 70/80. Comment justifiez-vous ce choix ? Est-ce une époque que vous affectionnez tout particulièrement ?

Stuart Murdoch : Ce n’est pas tant que je sois nostalgique de cette période mais plutôt qu’il est pour moi inévitable de mentionner cette période tant ma sensibilité artistique s’est façonné grâce à mon amour des films et de la musique des années 70 et 80. Ce n’était donc pas un choix conscient. Il faut également tenir compte du fait qu’à partir du moment où vous décidez de filmer en 16 mm, que vous n’utilisez que peu d’éclairage et que vous réalisez une comédie musicale, l’ensemble aura forcément une esthétique assez rétro.

Ironiquement, la comédie musicale n’est pas un genre cinématographique que j’aime particulièrement.

Comment votre choix s’est-il porté sur Emily Browning pour interpréter le personnage d’Eve ? Sachant que le film contient certains éléments autobiographiques, vous êtes-vous retrouvé en elle ?

Stuart Murdoch : Non ! (rires) on a étudié le profil de plus d’un millier de personnes pour ce rôle. Il était très difficile de trouver cette personne qui existait dans ma tête, cet esprit qui chantait ces chansons. Elle se devait d’être écossaise mais on a fini par choisir une actrice australienne ! Mais je pense qu’elle a fait un excellent travail et qu’on a pris la bonne décision. Je dois cependant avouer que j’étais sûr pour les rôles de James (joué par Olly Alexander) et de Cassie (jouée par Hannah Murray) mais pas pour celui d’Eve. J’ai fini par interviewer Emily Browning via Skype en téléconférence avec les autres acteurs et elle était très calme. Son calme et sa solidité m’ont en fait beaucoup aidé à pallier mon manque d’expérience dans la mise en scène et je me suis beaucoup reposé sur elle par la suite.

Quel a été le plus grand défi sur le tournage ?

Stuart Murdoch : Mettre en scène ! (rires) Faire face à une équipe chaque jour et leur dire quoi faire. Je savais personnellement ce que je voulais car j’ai imaginé ce film pendant des années mais il m’a fallu adopter le langage pour donner des instructions précises sur le mouvement des caméras par exemple. J’étais à l’aise avec les acteurs, je savais ce qu’ils devaient faire, c’est donc l’aspect strictement technique qui  pouvait parfois me poser problème.

 

Vous avez tourné le film à Glasgow, votre ville natale. On a le sentiment que vous avez voulu faire ressortir le côté romantique et bohème de la ville. Etait-ce une volonté de montrer une facette différente de Glasgow ?

Stuart Murdoch : C’était naturel pour moi de montrer cet aspect de la ville, ce n’était pas là un choix conscient. C’était naturel  parce que j’ai vécu dans le quartier dans lequel se déroule l’action du film pendant trente ans et je sais que c’était un très bel endroit qu’il était facile de le mettre en valeur.

God Help the Girl est un film musical. Est-ce un genre cinématographique que vous appréciez tout particulièrement ? Pourriez-vous nous citer quelques exemples de films musicaux qui ont pu vous influencer ?

Stuart Murdoch : Ironiquement, ce n’est pas un genre cinématographique que j’aime particulièrement. Je ne suis pas un grand fan de comédies musicales mais vous pouvez parfois avoir une certaine arrogance et vous dire que vous allez faire une comédie musicale que vous allez apprécier. J’ai un gros égo (rires).  Mais il y a des centaines de films que j’adore et qui font partie de moi. Parce que je suis en France, je pense en ce moment beaucoup à Truffaut et Godard, ça peut paraitre cliché mais j’aime beaucoup par exemple Une femme est une femme de Godard ou Baisers Volés de Truffaut. J’ai été également beaucoup influencé par les films de John Hughes tels que Breakfast Club et Rose Bonbon. J’aime aussi beaucoup Grease qui est une très bonne comédie musicale. Je suis également fan du film Charlie et la Chocolaterie de 1971, c’est un mélange de comédie et d’aventure mais il contient aussi quelques chansons magnifiques. J’apprécie aussi tout particulièrement le film des Beatles : Hard Day’s night (Quatre garçons dans le vent). 

 

Dans votre film, la musique semble être le remède à tous les maux. Etait-ce le message que vous vouliez délivrer, que la musique et la créativité peuvent être des outils pour soigner le corps et l’âme ?

Stuart Murdoch : Je pense que cela est un fait. Vous m’avez demandé si le film était autobiographique, l’élément le plus autobiographique est que la musique soigne, elle m’a soigné. C’est devenu en quelque sorte ma raison de vivre, mon inspiration quand j’étais plus jeune. La musique devient une religion pour le personnage d’Eve, ça la sauve.

Vous m’avez demandé si le film était autobiographique : l’élément le plus autobiographique est que la musique soigne, elle m’a soigné.

 Dans le film, le personnage d’Eve lutte contre une anorexie qui la ronge ce qui donne une tonalité dramatique au récit. Il y a cependant de réels moments de comédie sur l’amitié et son épanouissement en musique. Etait-il difficile de trouver un équilibre entre les deux tonalités ?

Stuart Murdoch : Un peu. La comédie a un aspect plus doux qui était indispensable au film. La difficulté résidait dans la façon de traiter le sujet de l’anorexie qu’il faut aborder de la manière la plus délicate possible.  Je ne voulais cependant pas faire un film entier sur le sujet. Pour moi, le film est honnête, je me suis beaucoup renseigné sur ce sujet. Je voulais simplement que le film commence de façon sombre pour terminer de manière plus légère.

C’était votre première expérience en tant que metteur en scène. Est-ce une expérience que voudriez renouveler ? Avez-vous d’autres projets cinématographiques ?

Stuart Murdoch : Bien sûr que j’aimerai renouveler l’expérience, j’ai adoré faire un film. Je vais attendre pour qu’une nouvelle idée me vienne, c’est un long procédé donc il faut être absolument sûr de ce que l’on va faire. 

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